Sagra : les perspectives du bâtiment au centre d’une conférence

La société forézienne, spécialisée dans la production et le négoce de matériaux de construction, a récemment réuni ses équipes techniques et commerciales pour les sensibiliser aux problématiques actuelles.

Sagra : les perspectives du bâtiment au centre d’une conférence

L’équation n’est pas simple. Entre les pénuries, les hausses des prix de vente et une dimension environnementale croissante, les professionnels du bâtiment font face à un véritable casse-tête. « On est dans une période de bascule, accélérée par la crise sanitaire et le conflit en Ukraine. On entre dans une nouvelle ère économique », estime Florian Jeanetti, qui dirige Sagra depuis 2013 en binôme avec son frère Romain. Cette entreprise familiale créée en 1938 et basée à Rivas, dans la plaine du Forez, a pour spécialité la production et le négoce de matériaux de construction.

Autant de problématiques auxquelles elle a sensibilisé ses équipes techniques et commerciales, réunies le 5 mai au cinéma Le Méliès. Face à eux, huit institutionnels et industriels se sont succédé pour dresser un tour d’horizon de la situation : « Nous voulions apporter un maximum d’informations afin que nos salariés puissent ensuite les relayer auprès des professionnels et particuliers qui composent la clientèle. » « On tenait à leur apporter des informations techniques afin qu’ils se les approprient », ajoute Romain Jeanetti.

RE 2020 et aides financières

Cela se ressentait dans le contenu des interventions, tantôt grand public, tantôt très pointues. Florent Melki, pour la Fédération française du bâtiment, a commencé en rappelant les fondamentaux de la Réglementation environnementale (RE) 2020. Laquelle a succédé à la Réglementation technique (RT) 2012. Il énumérait trois objectifs : « Consommer de moins en moins d’énergie, diminuer l’impact carbone – ce qui sera le plus contraignant pour les artisans – et améliorer le confort d’été. »

Tous les corps de métier sont impactés, signalait-il, ajoutant qu’on raisonne désormais sur 50 ans en termes de durée de vie d’un bâtiment : construction, exploitation, déconstruction. Cela nécessitant « des calculs très techniques », le recours à un bureau d’études s’impose. Applicable depuis le 1er janvier pour les habitations, la RE 2020 s’étendra le 1er juillet aux bureaux et à l’enseignement, puis le 1er janvier prochain aux constructions temporaires et extensions. Aucune date n’est encore définie à ce jour pour les commerces, hôtels/restaurants, gymnases, établissements de santé, etc.

Hans Cazaux, de la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), abordait le sujet de la rénovation énergétique dans l’ancien. Plusieurs aides cohabitent, comme MaPrimeRenov’, MaPrimeRenov’ Sérénité, les Certificats d’économie d’énergie (CEE), l’Éco-prêt à taux zéro ou le Prêt avance rénovation. Entre prise en compte des ressources et nature des travaux, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver. C’est justement la mission de Rénov’Actions42, qui accompagne ménages et entreprises de la Loire dans la connaissance de leurs droits.

Du béton bas carbone

Place ensuite à un représentant de chez Lafarge. « Le béton du XXIe siècle devra être écologique ou n’existera plus », lançait d’emblée Cyril Gauthier. Plusieurs leviers, dont la modernisation des usines et la captation du carbone, doivent permettre de créer des ciments plus responsables : « Il y aura des fermetures de cimenteries à terme pour concentrer et optimiser les process. » Lafarge a également entamé une collaboration avec Sagra pour développer une gamme de béton bas carbone en complément de celles déjà existantes sans changement dans la mise en œuvre.

Fabrice Roux prenait le relai pour présenter les solutions d’Edilians, spécialiste de la tuile et du photovoltaïque. L’enjeu est de taille : « D’ici dix ans, le prix de l’électricité aura doublé et sa consommation va continuer à croitre compte tenu des usages (voiture électrique, piscines, etc.). » D’où l’importance de favoriser l’autoconsommation pour limiter l’explosion des coûts.

Richard Gidon, directeur de fabrications chez Sagra, prenait la parole sur l’économie circulaire. L’entreprise valorise ainsi des déchets de construction (briques, tuiles, terre, pierre, etc.) pour permettre le remblaiement des gravières qu’elle exploite : « Ce process n’est pas suffisamment mis en valeur alors qu’il permet la remise en état des terrains destinés à l’agriculture. En ce qui concerne le recyclage, on doit passer de la contrainte à l’opportunité. » Des matériaux trouvent ainsi une deuxième vie en entrant dans la composition de nombreux bétons.

De la contrainte à l’opportunité

Deux intervenants poursuivaient sur le sujet : Yohan Renard (Knauf) sur la valorisation de polystyrène, Romain Gil (Placo-Isover) sur celle du plâtre et de la laine de verre, recyclable à l’infini. Enfin, Romain Jeanetti terminait en balayant les systèmes constructifs conciliant l’environnement tout en maitrisant l’aspect budgétaire.

Après une série de questions/réponses, Florian Jeanetti concluait. « On assiste à une montée en puissance du sujet environnemental depuis plusieurs années, notamment liée au réchauffement climatique, lançait-il. Le Covid et le conflit en Ukraine ne font qu’accélérer les transformations qui s’imposent à nous, notamment sur les modes constructifs, l’usage de l’énergie et les moyens de transport. » Soulignant l’émergence d’un nouveau modèle économique et social dans lequel ces aspects occuperont une place prépondérante, il signalait l’impact des réglementations et de la hausse du prix des matières premières dans cette tendance.

« Voyons ces transformations comme des opportunités et non comme une contrainte », estimait-il, pragmatique, avant de citer Charles Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. »

Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, l’entreprise Sagra travaille elle-même sur l’isolation de ses ateliers de fabrication et la mise en place de panneaux photovoltaïques tout en étudiant des modes de déplacement à utiliser qui limitent le recours aux énergies fossiles.

Franck Talluto