Quelle stratégie mener pour faire d'Auvergne-Rhône-Alpes une destination viticole capable de talonner l'Alsace ou la Bourgogne ? Une conférence organisée à Saint-Galmier a permis d'esquisser quelques pistes de travail.
« En Auvergne-Rhône-Alpes, le vin est une composante de séjour et non un motif de déplacement » : pour Isabelle Faure, en charge de la promotion de l’œnotourisme et de la gastronomie au sein d’Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, la réputation viticole de la région est encore loin de concurrencer l’Alsace ou la Bourgogne, entre autres. Une tendance qu’il faut, à défaut d’inverser, faire évoluer a-t-elle expliqué mi-novembre à Saint-Galmier au cours d’une conférence tenue dans le cadre du salon La Loire aux 3 vignobles.
Un petit rappel s’impose toutefois au préalable concernant l’œnotourisme. Par définition, il s’agit de la « découverte, par une clientèle touristique, d’un territoire au travers d’activités et d’expériences liées au vin », poursuivait la représentante d’Aura Tourisme. Ceci englobe un large panel de situations, comme, par exemple, des visites de caves ou de domaines viticoles, des balades et randonnées dans les vignes, des fêtes et évènements autour du vin ou des dégustations commentées dans des lieux dédiés, etc.
La notion de tourisme viticole est apparue il y a une vingtaine d’années. Son point de départ : le cluster œnotourisme d’Atout France en 2000. Rassemblant les institutionnels et professionnels français du tourisme et du vin, il visait à accroître la réputation des régions viticoles françaises à l’international et donner envie d’y séjourner.
Depuis, plusieurs structures et évènements se sont créées et développées au fil des années afin de valoriser ce souhait. 2009 a alors vu émerger le label Vignobles et découvertes et, dix ans plus tard, la fédération Territoires vignobles et découvertes. Dans cette lignée, le Fascinant week-end, évènement sur quatre jours de festivités gourmandes, a vu le jour dans la région en 2014, pour finalement atteindre une portée nationale cette année.
Aura et le label Vignobles et découvertes
Si la région Auvergne-Rhône-Alpes reste un territoire méconnu quant à la richesse de ses vins, elle dispose pourtant d’un patrimoine bien établi. Avec 12 vignobles en AOP, dont trois majeurs, 11 territoires labellisés Vignobles et découvertes, plus de 1 000 caves et caveaux ouverts au public et 450 caves adhérentes à une charte de qualité œnotourisme, elle a de quoi se vanter. Sans oublier qu’elle dispose de trois grands vignobles aux portes de Lyon, dont la vallée du Rhône et ses crus (côte-rôtie, hermitage et saint-joseph) renommés à l’international. Mais non perçue comme une région viticole et ayant une forte marge de manœuvre en termes d’amélioration des axes de professionnalisation des acteurs (commercialisation et mise en marché, etc.), c’est un véritable travail de communication qu’il reste à développer.
Marina Dufix est chargée de mission œnotourisme au sein du Comité vins Auvergne-Rhône-Alpes. Présente à la conférence, elle a rappelé les quatre missions de cette structure : « faire le lien avec l’ensemble des acteurs de la filière viticole régionale, soutenir les projets économiques via des aides régionales, promouvoir le vin et les appellations viticoles, soutenir les évènements œnotouristiques. »
Attribué pour trois ans par Atout France, le label Vignobles et découvertes est décerné aux destinations à vocations touristique et viticole qui proposent une offre de produits touristiques multiples et complémentaires. Il vise à développer la mise en réseau, à favoriser l’émergence et la valorisation de produits de qualité. Ceci en cohérence avec les nouvelles attentes des clientèles touristiques sensibles à l’œnotourisme. Parmi les 71 destinations labellisées en France, Auvergne-Rhône-Alpes est deuxième ex-aequo (11) avec la Nouvelle Aquitaine, devancée largement par l’Occitanie (19).
Directeur de l’office de tourisme de Vienne-Condrieu, Olivier Sanejouand a dressé un bilan depuis l’acquisition du label par son territoire. Celui-ci a détaillé « la fédération des acteurs, notamment entre la rive gauche et la rive droite du Rhône autour d’un projet commun ». Avant d’ajouter : « 116 partenaires diversifiés se sont associés à notre démarche de territoire : 28 caves, 33 hébergements, 29 restaurants, 6 offres loisirs, 10 sites patrimoniaux et 10 évènements labellisés. »
De son côté, Jean-François Gibert, directeur de l’agence de développement touristique de la Loire, insistait sur une « démarche bien plus récente que celle de Condrieu. Nous avons obtenu le label il y a environ un an ». Avant de poursuivre : « Il y a eu toute une démarche de mise en réseau et de fédérations d’initiatives auprès de l’ensemble des acteurs de la filière, mais pas seulement. Le tourisme est un écosystème. On y trouve des hébergeurs, des restaurateurs. Et maintenant, on a des viticulteurs, ce qui constitue un véritable atout pour notre territoire. »
Le directeur en a alors profité pour préciser le rôle de sa structure, rapporté à cet écosystème : « Les différents acteurs doivent parler les uns des autres et donc se connaître. Et pour ce faire, c’est là qu’intervient notre rôle d’agence de développement touristique : il faut faire en sorte de créer des rencontres. » Au terme de cette conférence, quatre vignerons ont finalement pu partager leur situation et leurs expériences à travers leurs témoignages : Thierry Farjon (Condrieu), Éric Désormière (Roannais), Maxime Gillier (Forez) et Pierre-André Deplaude (Tartaras).
Axel Poulain