« Journal inquiet d’Istanbul », la Turquie racontée de l’intérieur

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« Journal inquiet d’Istanbul », la Turquie racontée de l’intérieur

Vous avez aimé Persepolis ou L’Arabe du futur, dont on vous a parlé récemment ? Jetez un œil au tome 1 de Journal inquiet d’Istanbul. Ce roman graphique autobiographique décrit la situation de la Turquie à travers le regard de son auteur, le dessinateur Ersin Karabulut. On le voit ainsi tomber amoureux de la BD tout petit, dans les années 1980, avec ces héros qui deviennent ses amis, jusqu’à convaincre ses parents, réticents, de le laisser étudier cet art puis d’en faire son métier quand eux souhaitaient le voir devenir ingénieur. En parallèle, il dépeint l’évolution de la situation politique et religieuse.

On alterne donc entre scènes de vie quotidienne – la vie de famille, ses débuts dans le dessin de presse, son rapport aux filles – et épisodes historiques marquants : l’ère Atatürk avec la proclamation de la République, puis le bouillonnement religieux et la montée en puissance de Recep Tayyip Erdoğan ces 30 dernières années. Bien entendu, ce récit est subjectif par nature compte tenu de l’engagement d’Ersin Karabulut comme dessinateur de presse pour des titres satiriques et un penchant à gauche qu’il évoque au fil des pages. Mais le premier volume de ce qui devrait former une trilogie permet de mieux comprendre ce qu’il se passe actuellement dans ce carrefour entre l’Orient et l’Occident frappé récemment par des séismes meurtriers. 

Franck Talluto

Journal inquiet d’Istanbul, tome 1, d’Ersin Karabulut, 150 pages environ, 23 euros