Soldes : les dates changent, pas les règles du jeu

Prévus le 6 janvier, les soldes d'hiver débuteront deux semaines plus tard.

Soldes : les dates changent, pas les règles du jeu

Programmés au 6 janvier, les soldes d’hiver 2021 débuteront finalement le mercredi 20 janvier pour s’achever le mardi 16 février. L’arrêté publié au Journal officiel du 29 décembre a ainsi validé l’annonce du ministre délégué aux PME, Alain Griset, au micro de Sud Radio le 4 décembre. « C’est un choix que nous faisons pour les petits commerces, qui, eux, ont moins de marge, moins de possibilités, qui veulent écluser leur stock au prix les plus intéressants pour eux, j’espère que cela fonctionnera », avait ajouté quelques heures plus tard Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance.


Bien entendu, les soldes du commerce en ligne ou vente à distance (e-commerce) se tiendront aux mêmes dates, « quel que soit le lieu du siège de l’entreprise », souligne l’administration. Comme le rappelle le site www.service-public.fr, « les soldes d’été 2020 avaient également fait l’objet d’un report pour permettre aux commerces de vendre leurs produits sans réduction de prix, pendant plusieurs semaines, afin de pouvoir reconstituer leur trésorerie après la période de fermeture totale ou partielle ».

Ouverture autorisée tous les dimanches de janvier

Hormis ce changement de taille et l’autorisation accordée par la préfecture de la Loire aux commerces de détail d’ouvrir tous les dimanches de janvier, la règle du jeu reste identique. Les produits soldés par les commerçants devront avoir été proposés à la vente et payés depuis au moins un mois avant le début des soldes. « Il est interdit de procéder à un approvisionnement spécialement destiné aux soldes quelques jours avant la date de début de l’opération commerciale, sans que les produits aient été proposés à la vente au préalable », précise l’administration. Autre impératif : « Dans le magasin, la distinction entre les articles soldés et non soldés doit clairement apparaître aux yeux des consommateurs : étiquetage précis, localisation séparée dans le magasin, notamment. »

Le vendeur a également l’obligation de signaler les rabais proposés par rapport à un prix de référence réel. « Il est ainsi interdit d’augmenter le prix d’un produit avant la période des soldes, dans le but de faire croire à une offre promotionnelle plus importante qu’elle ne l’est réellement », relève service-public.fr. Le site indique d’ailleurs que « le commerçant doit pouvoir justifier des prix de référence des produits soldés  : soit le prix le plus bas effectivement pratiqué avant le début de la promotion, soit le prix conseillé par le fournisseur ou la tête de réseau ». Enfin, ne pas pratiquer les réductions de prix affichées en vitrine est évidemment prohibé, il s’agit d’une pratique qualifiée de publicité mensongère.

Franck Talluto

190 ans d’histoire

Mais qui a eu cette idée folle un jour d’inventer les soldes ? Non, cette fois, ce n’est pas ce sacré Charlemagne. Toutefois, la pratique est ancienne, elle remonterait à 1830. Le responsable serait un certain Simon Mannoury, fondateur du premier grand magasin parisien baptisé le Petit Saint-Thomas. Il rompit avec la tradition de la négociation permanente du prix et fut le premier à proposer ses produits en rayon bien achalandés avec un prix fixe clairement affiché. Mais en multipliant l’offre de produits, il créa également les invendus. Ce petit génie du commerce eut alors l’idée d’organiser les premiers soldes, une vente à prix cassés donc, afin d’écouler ses stocks de la saison précédente et faire entrer un peu de trésorerie pour investir dans la nouvelle collection. Savait-il qu’il venait d’inventer un usage commercial promis à un très grand avenir ?

Quant à l’utilisation du mot « solde », elle reviendrait à un certain Aristide Boucicault, un employé de Mannoury. Il s’agit, en argot, d’une étoffe non vendue que le commerçant aurait débité en petits morceaux pour les vendre à la criée dans les rues en 1852. Avec le développement des grands magasins lors de la seconde moitié du XIXe siècle, (Le Bon marché, Le Printemps, etc.), la pratique des soldes va parallèlement prendre de l’ampleur. Aucune législation n’entourait alors cette pratique. Il fallut attendre 1906 pour voir le gouvernement donner un cadre à ce rituel commercial. 

David Bessenay