Nuits difficiles, et si c’était l’apnée du sommeil ?

Découvrez le témoignage d'une personne qui souffre de cette patholohie, dont le diagnostic et l'appareillage a changé les nuits.

Nuits difficiles, et si c’était l’apnée du sommeil ?
© Adobe Stock

Xavier (*) a toujours mal dormi. « Je suis quelqu’un d’assez stressé, cela n’aide pas », reconnaît-il, assis à son bureau. Difficulté à trouver le sommeil, réveils intempestifs la nuit, sensations de lourdeur et d’essoufflement au lever, après-midi à lutter contre l’assoupissement… Pendant longtemps, ce tout récent quadragénaire a vécu tant bien que mal avec ce problème. Jusqu’au jour où une discussion anodine avec un collègue de travail a tout changé : « Il m’a expliqué que je présentais les symptômes de l’apnée du sommeil, dont lui-même souffrait, et qu’il existait une façon de s’en assurer avant, si nécessaire, de s’équiper d’un dispositif » permettant de la combattre.

Appuyons sur pause une seconde pour comprendre de quoi il s’agit. Comme le rappelle le site internet de l’Assurance maladie, le Syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (Sahos) « se caractérise par la survenue d’épisodes anormalement fréquents d’interruptions (apnées) ou de réductions (hypopnées) de la respiration ». La cause ? Des obstructions répétées complètes ou partielles des conduits respiratoires de l’arrière-gorge qui provoquent des pauses de respiration durant « 10 à 30 secondes, voire plus », qui « se produisent au moins cinq fois par heure (…) et peuvent se répéter une centaine de fois par nuit »

Face au manque d’oxygène, le cerveau intervient et réveille la personne pour qu’elle reprenne sa respiration. Un micro-éveil dont on n’a pas conscience, mais qui engendre « un sommeil très perturbé, saccadé et de mauvaise qualité », peut-on encore lire sur Ameli.fr. D’après cette source, le Sahos impacte 4  % de la population et concerne 30 % des plus de 65 ans, les hommes étant « deux fois plus exposés que les femmes ». Autre précision intéressante : « le surpoids et surtout l’obésité sont des facteurs de risque majeurs (…) 70 % des personnes ayant un Sahos sont en surpoids. »

Deux solutions proposées

Retour avec Xavier. Aiguillé par son voisin de bureau, il consulte un médecin spécialiste du sommeil à Saint-Étienne. Début 2023, celui-ci le dirige vers la clinique du Parc à Saint-Priest-en-Jarez pour y passer deux nuits. « On m’a installé tout un tas de capteurs sur le corps, un filet sur la tête, un appareil assez lourd sur le torse qui oblige à dormir sur le dos… se souvient notre témoin. Tout cela est inconfortable et perturbe. L’idée est donc que l’on s’habitue à ce dispositif la première nuit, puis que la seconde soit plus pertinente et permette de relever les bonnes informations. »

Deux semaines plus tard, retrouvailles avec le médecin pour étudier les résultats. Xavier souffre bel et bien d’apnée du sommeil. Deux solutions s’offrent à lui : s’équiper d’une machine qui lui enverra de l’air en permanence ou porter une orthèse buccale. Il opte pour la première, avec un sentiment ambivalent : « D’un côté, j’ai pris un coup de vieux à devoir m’équiper même si c’est une idée reçue puisque les personnes âgées ne sont pas les seules concernées ; de l’autre, il y avait la satisfaction de trouver une solution et d’éviter le risque d’arrêt cardiaque. Le manque d’oxygène sollicite beaucoup l’organisme et des morts subites nocturnes sont liées à une apnée du sommeil non diagnostiquée. »

De retour chez lui, notre homme doit apprendre à vivre avec ce nouvel équipement. Pas compliqué à mettre en place, il demande cependant un petit entretien quotidien et s’avère « assez contraignant », sans compter la place qu’il prend lors des voyages : « Parfois, il m’arrive, au petit matin, de le couper pour pouvoir dormir dans la position de mon choix plutôt que sur le dos. Je dois reconnaître que je m’attendais à pire et on s’habitue à tout, d’autant que la technique évolue et le matériel se perfectionne. Moi qui ai besoin du noir complet pour dormir, j’apprécie que mon appareil n’émette ni lumière ni bruit. »

Le jeu en vaut la chandelle

Surtout, le jeu en vaut la chandelle. Un an après, le constat est sans appel. Pantalon bleu et chemise blanche, Xavier explique dormir beaucoup mieux et avoir vu s’éloigner les coups de pompe en journée. « Il m’arrive encore de passer des nuits compliquées, mais c’est davantage lié aux événements de la journée ou à ce qui m’attend au bureau le lendemain », précise-t-il en remettant ses lunettes en place. 

Aux personnes qui se reconnaîtraient en lisant cet article, Xavier n’a qu’un seul conseil : « Faire le test pour être fixé. » Souffrir d’apnée du sommeil et l’ignorer peut avoir des conséquences désastreuses, répète-t-il, avant de livrer une ultime recommandation : « Je connais des personnes qui ont été appareillées directement, mais je trouve qu’il est mieux de suivre le processus complet. On en ressort avec une analyse approfondie et un échange avec des professionnels de santé. » Des professionnels de santé que Xavier retournera consulter d’ici un ou deux ans pour « voir si la machine (l’a) rééduqué ou s’il faut prolonger son utilisation », prise en charge par la Sécurité sociale. Une formalité qui ne devrait pas l’empêcher de dormir. 

Franck Talluto

(*) le prénom a été changé