La petite souris, les origines d’un mythe pour enfants

Comment en est-on arrivé à glisser une pièce sous l'oreiller des enfants qui viennent de perdre une dent de lait ? Explications.

La petite souris, les origines d’un mythe pour enfants

Très aimée des enfants, la petite souris glisse traditionnellement une pièce de monnaie en échange d’une dent de lait perdue et placée sous l’oreiller avant de se coucher. Si cette histoire vous est familière, alors vous êtes occidental ou issu d’un pays hispanophone. Car dans la culture anglo-saxonne, c’est plutôt la Fée des dents qui officie. Exception faite pour l’Italie, où les deux mythes coexistent.

Mais revenons-en à la version traditionnelle, notamment celle qui existe en France : comment le rapport entre une souris et les dents d’un enfant a-t-il été créé ? Tout viendrait du conte français La bonne petite souris, écrit par la baronne d’Aulnoy à la fin du XVIIe siècle, plus précisément en 1698. L’histoire, la voici ! Une fée se transforme en petite souris dans le but d’aider une bonne reine à vaincre un roi maléfique. Celle-ci le hanterait et se cacherait alors sous l’oreiller dudit roi, faisant tomber chacune de ses dents.

Une autre version, fondée sur d’anciennes croyances, amènerait à penser que lorsqu’un animal mange une dent de lait, la dent définitive prendrait les caractéristiques du petit animal. Le parallèle aurait donc été fait en espérant que les dents du bébé seraient aussi solides que celle de rongeurs.

Booster l’imaginaire

La dent, quant à elle, que devient-elle ? Si les réponses sont nombreuses, elles laissent libre cours aux interprétations et versions proposées par les différents auteurs de contes : rassemblées pour ériger un palais, accumulées pour réparer les dents d’autres animaux, etc. En d’autres termes, ces différentes possibilités sont autant d’occasions de s’évader, de voyager dans l’imaginaire, aidant les enfants à grandir, à se développer. Le monde du rêve est un espace de liberté indispensable pour pouvoir faire face à la réalité d’un monde relativement complexe.

Les croyances évoluent en fonction du développement de l’enfant. Vers 7 ans, il sort de l’âge de l’innocence et entre dans l’âge de raison. Une multitude de questions vont se poser et il est nécessaire qu’il comprenne de lui-même grâce à son raisonnement au lieu de recevoir une réponse toute faite.

Rassurer et prévenir l’enfant

Au-delà des apparences d’un personnage fictif, la petite souris se veut porteuse de plusieurs objectifs. Le premier, rassurer l’enfant qui va perdre sa dent dans un futur proche. Car cette perte de dent renvoie à un trou dans sa dentition et suppose, aussi, de rencontrer quelques saignements.

L’existence d’une alternative imaginaire bienveillante jouera alors un rôle réconfortant pour l’enfant, qui s’attendra plutôt à recevoir un petit présent. La perte des dents de lait marque effectivement un changement important pour le bambin, celui du passage de la petite à la grande enfance. Constatant des transformations sur son corps, il peut se sentir inquiet, redoutant la perte de sa prochaine dent ou s’interroger sur sa future dent, si elle poussera droit ou non.

La petite souris tient également un rôle pédagogique. En effet, ce conte vise, par l’imaginaire, à veiller à ce que l’enfant en question prenne soin de son hygiène bucco-dentaire. Car une fois tombée, c’est une dent bien blanche qu’il aura à cœur d’offrir à la petite souris, emmitouflée dans un petit mouchoir et bien conservée. Qui plus est, c’est l’idée de veiller à bien conserver un objet qui entrera aussi dans la tête du bambin.

Dans la lignée d’autres contes…

Le personnage de la petite souris, ce petit rongeur aux airs espiègle et inoffensif, n’est pas le seul être issu de l’imaginaire collectif qui accompagnera l’enfant au fil de sa croissance. On trouvera par exemple le Père Noël ou le Père Fouettard, le Lapin et les Cloches de Pâques... Leur point commun ? Chacun symbolise une récompense – ou, dans le cas du Père Fouettard, une punition ou un avertissement – pour leur bonne conduite ; des cadeaux à Noël, du chocolat à Pâques et un sou ou petit cadeau pour la petite souris.  Des histoires qui guident finalement les pas de l’enfant, en lui indiquant par la fiction les choses à faire et à ne pas faire, mais aussi en inculquant certaines valeurs.

Axel Poulain