Quels nouveaux mots dans vos dicos ?

Long et complexe, le mode d’intégration d’un mot dans le dictionnaire se décline en plusieurs étapes. 

Quels nouveaux mots dans vos dicos ?

Chaque année, les dictionnaires de référence – à l’image du Petit Robert ou du Larousse – évoluent en intégrant de nouveaux mots à leurs éditions déjà bien fournies. Révélées fin 2022, quelques mois avant la parution des dictionnaires 2023, ces nouvelles entrées, parfois insolites, ont même suscité quelques polémiques. Le pronom « iel » par exemple (contraction de « il » et de « elle »), qui renvoie à l’évocation d’une personne, quel que soit son genre, fait alors débat. En cause, l’intégration d’un mot issu de l’écriture inclusive, laquelle est encore bien loin d’être partagée et acceptée par le plus grand nombre.

Font également leur apparition les mots suivants : « go », aussi écrit « gow », pour jeune fille ou petite amie ; « brouteur », un escroc qui piège ses victimes sur internet ; « gênance », pour définir un sentiment de gêne, de malaise ; « chiller », le fait de prendre du bon temps à ne rien faire ; « bail », utilisé pour raconter en détail une histoire ; « babtou », toubab en verlan, pour désigner familièrement une personne blanche.

D’autres ont également été intégrés, comme « instagrameur » pour décrire un utilisateur du célèbre réseau social ; « NFT », de l’anglais ”non-fungible token”, renvoie à un objet unique et non interchangeable ; « covidé », pour quelqu’un contaminé par le Covid-19 ; sans oublier « éco-anxiété », pour expliquer un mal-être lié à ce qui va advenir pour l’environnement.

Processus d’intégration

Long et complexe, le mode d’intégration d’un mot dans le dictionnaire se décline en plusieurs étapes. Avant son apparition officielle, le mot est rangé dans la catégorie « néologisme », lequel vient nourrir le lexique de la langue française. D’ailleurs, s’il renvoie à la création officieuse d’un nouveau mot (en attendant sa validation ou non dans un dictionnaire), il peut aussi correspondre aux sens nouveaux donnés à des mots déjà existants.

Pour choisir quels néologismes entreront dans le dictionnaire, un lexicographe – dont la mission est d’effectuer un inventaire des différentes unités lexicales – apporte son expertise. Après un long travail de sélection, lequel sous-entend une veille assidue des mots entendus autour de soi, il doit établir leur nomenclature, autrement dit l’ensemble des entrées d’un dictionnaire.

Dernière étape et non des moindres, la rédaction de leur définition. Pour s’y atteler, il doit identifier la ou les définitions du mot, le classer, donner un exemple en guise d’illustration, lui donner un cadre spatio-temporel et déterminer son usage et son registre. Si le procédé peut sembler fastidieux, il témoigne pourtant d’une rigueur nécessaire à la langue française. Même si chaque année, l’entrée de quelques mots provoque parfois l’indignation.

Petite précision toutefois : dans le processus de sélection des néologismes du Larousse, parmi les 3 000 à 5 000 nouveaux mots repérés annuellement par les lexicographes, seuls 150 environ sont intégrés dans ce dictionnaire, sélectionnés après trois à quatre sessions d’élimination dans l’année.

Axel Poulain