Toujours vivant… grâce aux réseaux sociaux ?

Et si Facebook et autres réseaux sociaux en vogue avaient inventé l’immortalité ?

Toujours vivant… grâce aux réseaux sociaux ?

Peut -être qu’un jour les candidats au bac de philo auront à répondre à la question suivante : est-on totalement mort si son profil existe encore sur les réseaux sociaux ? Dans un demi-siècle, il y aura plus de comptes de personnes mortes que de personnes vivantes. Il ne s’agit pas là d’un chiffre balancé par hasard pour impressionner la galerie et servir de point de départ à une discussion lors d’une soirée entre amis, mais des très sérieuses conclusions d’une étude menée par des chercheurs de la prestigieuse université d’Oxford. 

Mémorial virtuel ou suppression du compte ?

Au-delà du côté cocasse de survivre sur la toile, cette situation peut entrainer des moments forts déplaisants quand cela concerne l’un de nos proches. Il n’est pas rare de voir le profil d’un “ami” décédé être encore inondé de « bon anniversaire !!! » à grands renforts d’émoticônes à la date idoine.

La question n’est pas nouvelle et le législateur y a répondu depuis 2016. Un texte de loi permet aux usagers de laisser leurs consignes sur l’usage de leur compte après leur mort et oblige les réseaux sociaux à prévoir cette disposition. Rappelons qu’il est légalement interdit de se connecter sur le compte d’un tiers, sauf autorisation de sa part, même pour de bonnes raisons.

Facebook, pour citer le pionner des réseaux, propose d’associer à son compte un contact légataire, charge à lui de transformer votre compte, après votre décès, en compte de commémoration où il est clairement affiché « en souvenir de » ou de procéder à sa fermeture. Attention : si le légataire peut modifier vos photos de profil et de couverture et épingler un message commémoratif, il ne peut pas se connecter à votre compte, lire vos messages ni agir sur votre liste d’amis.

Si rien n’a été prévu à l’avance, vous pouvez contacter un réseau social pour demander une surpression de compte ou une transformation en compte de commémoration. Instagram, par exemple, s’engage à étudier votre requête dans des délais raisonnables. Il demandera aussi des preuves pour justifier votre demande (acte de décès, acte prouvant que vous êtes le représentant légitime du défunt, article de journal annonçant le décès, etc.). Sur Twitter, il faut pareillement montrer patte blanche pour supprimer un compte.

Certains reprochent aux réseaux sociaux de ne pas se hâter à supprimer les comptes des défunts. Leur succès dépend de la masse d’abonnés, d’informations, de clics, etc. Ils ont donc intérêt à vous conserver au maximum parmi eux, y compris, donc, pour célébrer votre mémoire.

Des informations… utiles pour l’avenir ?

Autre conséquence, plus inattendue, cette nécropole virtuelle va laisser des mines d’informations sociologiques qui pourraient faire le bonheur des chercheurs du futur ! Elles en diront en effet beaucoup sur nos comportements sociétaux.

Ou, plus simplement, elles feront sourire nos descendants. Imaginez, en 2250, nos arrière-arrière-arrière… petits-enfants pourront consulter nos photos-selfies de vacances et autres posts égocentriques. On ne sait pas s’ils rigoleront à nos vidéos de chats tombant du canapé, s’ils s’indigneront de nos blagues sur la Covid-19, s’ils apprécieront nos combats idéologiques genre Me too et compagnie. Bon, encore faut-il que, d’ici là, les réseaux sociaux en question existent encore. Parce qu’il parait qu’eux non plus ne sont pas immortels.

David Bessenay