Comment parler de la mort à nos enfants ?

Comment parler de la mort à nos enfants ?

La mort est un sujet délicat à aborder avec les enfants. Il est parfois nécessaire de répondre à leurs questions, que l’on y soit poussé par des circonstances difficiles ou simplement pour satisfaire leur curiosité naturelle. Le silence pouvant être perçu comme un traumatisme supplémentaire, mieux vaut employer des mots simples pour évoquer le sujet.

C’est du moins ce que recommande Claire Pinet, psychologue spécialisée dans le deuil et les soins palliatifs. D’après cette professionnelle, la mort est un sujet de curiosité naturelle pour un enfant et « éluder cette curiosité, la rabrouer parce qu’elle nous gêne ou la minimiser parce que nous voulons protéger les enfants, c’est toxique »

Alors dans quels termes évoquer la mort ? Auprès de jeunes enfants, inutile de s’embarrasser d’expressions trop imagées. Si l’on emploie le terme « s’endormir », ils pourraient associer le sommeil à la mort. Expliquer tout simplement que la mort consiste à ne plus vivre, ne plus bouger, ne plus parler pourra suffire. Ensuite, il ne faut pas hésiter à associer les mots à des émotions. Les voiler reviendrait à les nier. Les nommer, en revanche, permettra ensuite aux enfants de mieux assumer leurs propres ressentis. 

L’importance d’assister aux funérailles

Dans le cas du décès d’un proche, il est conseillé de permettre aux enfants d’assister aux funérailles. Cela pourrait leur être nécessaire à l’accomplissement de leur deuil. C’est pour eux une étape importante comme pour nous adultes. Le moment clé de l’enterrement marque aussi la séparation effective du monde des morts et de celui des vivants. Il permet de se fabriquer des souvenirs. Néanmoins, il n’est pas forcément nécessaire de pousser les enfants à voir à tout prix le corps du défunt.

Participer à la cérémonie des funérailles est très important, estime Joëlle Gouttegatat, hypnothérapeute et sophrologue à Montbrison : « Cela permet de bien faire comprendre la notion d’irréversibilité. On peut faire choisir des fleurs à son enfant, lui faire faire un dessin. C’est un rituel, un temps de communion avec le défunt. »

Quel moment opportun pour évoquer la mort, ce sujet épineux ? Il n’y en a pas, en vérité. Inutile, donc, d’attendre le décès d’un proche. D’autres occasions peuvent se présenter, comme la découverte d’un animal mort sur la route ou une actualité entendue à la radio ou à la télévision. Si l’intégration du caractère définitif de la mort se produit vers l’âge de 9/10 ans, les plus petits pensent encore que mourir, c’est renaître. Ils ne ressentent donc pas de peur particulière, mais sont surtout terrifiés par l’abandon. Face à des interrogations plus existentielles, il n’est pas nécessaire de répondre. Tout est question de croyance. L’on peut en revanche avouer ses incertitudes, notamment sur une possible vie après la mort.

Éviter le silence

D’après Joëlle Gouttegatat, « le plus important, quand survient la mort d’un proche, c’est de ne pas la passer sous silence ». « Il faut les informer, les associer à la cérémonie, trouver des mots justes, ajoute-t-elle. Eviter de dire “Mamie s’est éteinte” ou “Papy est parti dans les étoiles”. La mort, c’est la fin de la vie. On peut dire que Papy est mort, qu’il a fini de vivre. Les enfants ne connaissent pas le second degré. Donc, il est important d’utiliser des mots précis, structurants. »

Cette professionnelle conseille de s’appuyer sur des exemples concrets : « On peut donner des exemples issus du règne animal ou végétal. Comme si l’on voulait montrer à l’enfant que la mort s’inscrit dans le droit fil de l’existence. Pour les parents, il est important de dire que l’on est triste. Rassurer l’enfant, c’est l’autoriser aussi à être triste. Il ne faut pas bloquer l’émotion, nier le choc. Cela peut faire du bien d’exprimer sa tristesse. »

Enfin, vous pouvez utiliser des livres pour évoquer ce sujet. De nombreux ouvrages existent en la matière. Parmi les plus reconnus, l’on peut citer L’arbre sans fin, de Claude Ponti, La découverte de Petit-Bond, de Max Velthuijs (L’école des loisirs), ou encore Au revoir Blaireau de Susan Varley (Gallimard)

Céline Clément