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Peut-être avez-vous déjà entendu parler de Gomorra, le roman décliné en film et série. Mais saviez-vous qu’avec cet ouvrage, paru en 2006 en Italie et l’année suivante en France, Roberto Saviano a gagné une renommée mondiale en même temps qu’il a perdu le contrôle de sa vie ? Pour avoir détaillé le fonctionnement de la criminalité organisée sur Naples et livré les noms de mafieux éminents, sa tête a été mise à prix. Alors que son “exil” devait durer deux semaines, le journaliste n’est effectivement plus retourné chez lui et vit encore aujourd’hui sous escorte policière.
Dans Je suis toujours vivant (Gallimard, 148 pages, 20 euros), roman graphique illustré par Asah Hanuka, il dépeint concrètement cette existence en sursis : les incessants changements d’appartement et de chambres d’hôtel, la présence des gardes du corps, le manque d’intimité, les relations intimes… Roberto Saviano livre aussi ses états d’âme, comme au sujet de ces choses simples dont il ne mesurait pas assez la valeur auparavant (marcher dans la rue, boire un verre en terrasse, etc.) et ses réflexions. Ses regrets de faire vivre cette situation à sa famille, mais aussi sa volonté de continuer à ne pas se taire et le fait de ne plus avoir peur de la mort. Un témoignage édifiant et une leçon de courage.
Franck Talluto
Je suis toujours vivant, Gallimard, 148 pages, 20 euros