« Les Amants d’Hérouville », une vie de château

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« Les Amants d’Hérouville », une vie de château

Comment qualifier ce bel objet qui va bien au-delà de la bande dessinée ? De prime abord, Les Amants d’Hérouville, une histoire vraie prend la forme d’un roman graphique. Une structure bousculée au fil des pages par l’intrusion de textes explicatifs, de portfolios et de divers patchworks d’archives de journaux, photos et dessins sur fonds très colorés. Tout cela donne du dynamisme au récit que font Yann Le Quellec et Romain Ronzeau. Respectivement scénariste et dessinateur, ils y déroulent une biographie de Michel Magne, compositeur notamment de musique de films (le fameux banjo/piano des Tontons flingueurs, la trilogie Fantômas, la saga Angélique, etc.) nominé aux Oscars en 1963 à travers trois thématiques principales : son parcours artistique, son histoire d’amour avec une jeune autostoppeuse qui deviendra sa deuxième épouse et l’épopée créative menée au château d’Hérouville.

Il acquiert cette bâtisse du XVIIIe siècle située dans le Val d’Oise, en région parisienne, mais un incendie ravage les lieux et le fruit de son travail en 1969. Il décide de tout reconstruire et d’y aménager des studios d’enregistrement, proposant aux artistes une offre complète avec l’hébergement, la restauration et la détente. Le gratin de l’époque (Eddy Mitchell, Johnny Halliday, David Bowie, Pink Floyd, Elton John, etc.) s’y presse et les fêtes grandioses se multiplient dans ce lieu qui a abrité autrefois les amours de George Sand et Frédéric Chopin. La réalité financière va toutefois rattraper Michel Magne, qui doit d’abord déléguer la gestion du site avant de vivre une descente aux enfers professionnelle et personnelle.

Les Amants d’Hérouville, une histoire vraie, éditions Delcourt, 256 pages, 27,95 euros.

Franck Talluto