Est-il judicieux de partager sa couche avec Minette ou Médor ? L’avis des spécialistes sur la question diverge.
Dormir avec ses animaux de compagnie - chiens ou chats, peu importe -, l’idée peut paraître séduisante. Mais qu’en est-il en réalité ? Est-il judicieux de partager sa couche avec Minette ou Médor ? En vérité, même l’avis des spécialistes sur la question diverge.
La première à répondre, éducatrice chez Omni Canis, à Panissières, n’est pas contre l’idée, tout en tempérant sa réponse : « Cela dépend du chien et de la méthode. Le risque principal, c’est de créer de l’hyper-attachement ou de la protection de ressources (comportement qui voit l’animal grogner ou même mordre pour éloigner quelqu’un ou un autre animal d’un objet qui a de la valeur à ses yeux, NDLR). Si le chiot n’apprend pas à rester seul, il ne saura pas gérer la solitude. Et s’il a accès à tout, on peut créer de la protection de ressources. Après, tout dépend de chaque individu et de l’éducation. Du moment qu’il n’y a pas de problématique comportementale, c’est possible. »
Par « problématique comportementale », entendez un chien qui refuse, par exemple, de descendre du lit si on lui en intime l’ordre ou tout simplement de se pousser si besoin est. L’important, pour cette spécialiste, reste bien d’être « cohérent et clair sur les règles de vie ». Évidemment, « si le chien a tous les droits dans la maison ou aucun, c’est problématique ».
Damien Boute, vétérinaire à la clinique de Saint-Jean Vauban à Savigneux, est, quant à lui, plus radical. « C’est déconseillé. Il y a des questions d’hygiène, sanitaires, les animaux peuvent être porteurs de microbes, transportés sur la langue et les pattes. Le chat peut être un réel danger pour un nourrisson, puisqu’il peut, sans le vouloir, l’étouffer en se couchant sur sa tête. Les poils peuvent déclencher des allergies chez de jeunes enfants. »
Du cas par cas
Le plus important, d’après ce professionnel, ce sont les troubles du comportement que cette pratique pourra engendrer chez le chien. Stress, agressivité, vocalises et autres troubles du comportement... autant de conséquences néfastes pour l’animal mais aussi pour le maitre, liées dans tous les cas à de l’hyper-attachement. « Le chien n’est pas plus heureux pour autant et il peut devenir agressif s’il estime que c’est son domaine. Si le chien est bien éduqué, cela va bien se dérouler, mais s’il y a de l’hyper-attachement, cela va déclencher des troubles, de la dominance, des morsures, des bagarres voire de l’agression. »
Une fois installé, ce trouble est long et difficile à soigner. Cela peut prendre des années. Néanmoins, estime Damien Boute, il y a certains cas ou certaines pathologies où cela peut servir : le chien qui sert de doudou à un enfant qui traverse un deuil parental en est un. Le chat qui apaise par ses ronronnements une personne âgée qui se sent seule en est un autre. La réponse relève donc, bien souvent, du cas par cas.
Céline Clément