Les soldes, des promos qui remontent à loin

Retour sur l'histoire de cette opération commerciale.

Les soldes, des promos qui remontent à loin

Initialement consacrés au déstockage lors de leur apparition dans le courant du XIXe siècle, les soldes ont bel et bien évolué pour se dédier dorénavant au shopping. A l’origine de ces périodes devenues parfois frénétiques, un commerçant désireux d’écouler ses invendus : Simon Mannoury. Dans son magasin Le Petit Saint-Thomas, situé rue du Bac à Paris, le gérant met en place le concept de prix cassés. En 1830, il inaugure les ventes à distance, un système de prix fixes étiquetés. Dans la foulée, il organise sa première opération de soldes. 

Un jour, Aristide Boucicault, l’un des employés de Simon Mannoury, fait tomber un drap dans un cours d’eau. Invendable en l’état, il prend alors l’initiative de le couper en morceaux afin de les proposer à la criée dans la rue et ce, à bas coûts. En 1852, après avoir repris les rênes du magasin Le Petit Saint-Thomas, il fait évoluer ce dernier pour créer le premier Grand magasin, Au bon marché. Se remémorant l’épisode de la criée, il décide d’instaurer, en 1873, une période de soldes : au terme des fêtes de fin d’année, lorsque ses rayons étaient vides, il choisit de les remplir de linge blanc et de les vendre à prix réduit. Le succès de l’opération est immédiat. 

Périodicité bien établie

Les soldes sont donc nés avec le concept du Grand magasin, où les enseignes promettaient à la fois l’entrée libre, des prix fixes, mais aussi, et surtout, bas. D’ailleurs, le mot renvoie au « solde de marchandises » : les invendus à la fin de la saison en font partie. A cette époque, les soldes sont inventés, mais pas encore officiellement : cela se fait tout au long de l’année, au fond des rayons. 

L’officialisation vient quelques années plus tard : Jules Jaluzot, fondateur du Printemps, autre Grand magasin parisien, instaure une période bien déterminée de soldes au sein de son magasin. Dès janvier 1866, des articles de journaux, comme dans La Vie parisienne, en parlent : « [Les propriétaires du Printemps] vous disent bien simplement : le 15 janvier prochain, nous allons mettre en vente tous nos soldes de nouveauté de la saison d’hiver, toutes nos étoffes fatiguées ou défraîchies depuis l’ouverture de nos magasins, et nous ferons chaque année ainsi périodiquement. Avec cette manière d’opérer, nous ne gardons jamais de marchandises anciennes. »

Avec ce « petit évènement » répété plusieurs fois dans l’année, Jules Jaluzot avait anticipé l’engouement pour son établissement. De nombreux autres grands magasins parisiens, dont certains existent encore aujourd’hui, lui emboîtent le pas. Le succès des soldes, période attendue par beaucoup, n’est plus à prouver. 

Axel Poulain

Ce qu'il faut savoir

Bien encadrée et réglementée, la période des soldes est toujours très attendue par des millions de consommateurs. Raison de plus d’y apporter quelques restrictions lors de ces deux évènements annuels, en été et en hiver. « La durée de chaque période de soldes est fixée à quatre semaines », selon l’arrêté modifié du 27 mai 2019 fixant leurs dates et heures de début. Pour les soldes d’hiver, l’opération débute le premier mercredi de janvier à 8  heures  si le deuxième intervient après le 12 du mois. Cette année, leur coup d’envoi sera alors donné le mercredi 11  janvier. Ils s’étendront jusqu’au mardi 7 février, sauf réglementation locale (comme en Meurthe-et-Moselle, du 2 au 29 janvier, ou dans les DOM-TOM, par exemple).

Les soldes s’appliquent aussi bien pour les magasins que pour les sites de vente en ligne professionnels. Selon le site officiel entreprises.gouv.fr, lequel retranscrit l’article L310-3 du Code de commerce, « les soldes se définissent comme des ventes accompagnées ou précédées de publicité et annoncées comme tendant, par une réduction de prix, à l’écoulement accéléré de marchandises en stock ». Toute publicité relative à une opération de soldes a l’obligation de le préciser, tout comme la date de début de l’opération et la nature des marchandises sur lesquelles elle porte. Concernant des marchandises neuves ou d’occasion, leur stock « doit être préalablement constitué (détenu plus d’un mois avant le début des soldes) et ne saurait être renouvelé au cours de l’opération ». Par ailleurs, la revente à perte est admise durant les périodes de soldes.

Les commerçants se doivent de respecter certaines obligations en matière de produits soldés et d’affichage des prix en promotion. Tout d’abord, les deux prix – avant les soldes et pendant – doivent apparaitre clairement. La distinction entre les articles soldés et non soldés doit également être aisément identifiable : étiquette différente en magasin, rubrique spéciale sur le site internet. Dernier point et non des moindres, « lorsque l’annonce de réduction de prix est un taux de réduction unique sur certains produits (par exemple sur tout un rayon ou un même type de produits), cette réduction peut être faite par escompte de caisse (réduction de prix accordée pour paiement en une fois, NDLR) ». Dans cette situation, l’indication du prix réduit n’est alors pas obligatoire. 

A. P.